JE M’ÉTONNE

Après la lecture d’un texte de Kierkegaard, 5 septembre 2006

 

Qu’il appelle Père
Dans l’Esprit
L’origine de toute origine
Le Dieu qui Rien n’a
Je m’étonne

 

Qu’un Dieu naisse tout petit
Larvaire
Sexué
Tourmenté de détresse, infans
Composant masculin et féminin,
dans la douleur
Je m’étonne

 

Qu’un Dieu soit fils
Et d’une femme et d’un homme
Jésus de Nazareth
Affairé dans le bois
Je m’étonne

  

Qu’un Dieu meurt sur le bois
Sur le bois de la croix
Tel vaut-rien
Moins que rien
Je m’étonne

 

Qu’il meurt
Néant de Rien
Pour avoir dit
Qu’il pardonne
Lui qui donne ce qu’il n’a pas
Je m’étonne

 

Et qu’en signe de cette mort
Trans-formé
Trans-porté
Il ne laisse de son passage
Que du pain et du vin
Je m’étonne

 

Et que nous soyons là
Pour cela ensemble
Pour cela chacun seul
Solitaire et unique
En lui-même recueilli
En notre pauvreté lieu de son Je divin
Je m’étonne