L’ANGELUS DE MADELEINE

Vers 2010

 

Vide le tombeau
Invisible
Toujours là la colombe
Fondue avec la nuit
Noire encore elle s’efface et se perd
En la tant aimée de Dieu
Nuit
Noire la colombe
Dans le ciel
S’effondrant au sommet de la croix
Au moment où expire la Parole
Noire la colombe
Le soleil du langage

 

Vide le tombeau
Invisible
Toujours là la colombe
Rouge et noire violette
S’étirant  au jardin
Dai de vendredi saint
Sur le grand vide de la mort
Abîme où se laisse engloutir
Qui cède au relâchement
Ultime

 

Invisible
Toujours là la colombe
Allongeant son éclair
Sur le bleu de la nuit
Qui s’évanouit en jour
Reflétant quelque chose
De sa blancheur native
Celle du temps de l’arche
Celle de l’oiseau couvant
Le mot d’amour d’un Dieu
Eclair dans la nuit
Les deux silhouettes blanches
Aux contours hésitant
Aux traits indiscernables

 

Vide le tombeau
Invisible
Toujours là la colombe
Soulevant de la matité de son ombre
La question posée par l’inconnu
Parole sans certitude
Seul écho au silence
Des larmes qui s’écoulent
Elle insiste la question
Un autre, l’autre la reprend
qui cherches-tu
parole, oreille et larmes entrelacées
est-ce là le corps de gloire
le vivant c’est le nom
doucement murmuré
nom de Madeleine écrit sur caillou blanc
nom qui prend corps des brumes de l’aurore
un nom mille peut-être
un nom, les noms divins
le nom peut-il mourir ?

 

l’ange du Seigneur parle à Madeleine
la parole elle-même l’interpelle
invisible
toujours là la colombe
rayonnante de lune et de soleil
miel des amours
durables d’être passants
je te salue Madeleine
je t’appelle par ton nom
je vous salue les femmes
je te salue Marie
mère devenue sœur
je te salue pleine de grâces
je te quitte
l’humanité ma compagne d’aventure
mon épouse mon amante mon élégance

 

elle raconte Madeleine
le nom de Dieu devant ses frères
invisible
toujours là la colombe
en son vol bleuté d’opaline
je te salue Madeleine
je t’appelle par ton nom
je vous salue toutes les femmes
je te salue Marie
mère devenue soeur
je te salue pleine de grâces
je te quitte
l’humanité ma compagne d’aventure
mon épouse mon amante mon élégance

 

en une femme Madeleine
la parole te colporte
relâchant tous les liens
et ouvrant aux liaisons
impossible féminité
pure pâque continuée
en une femme
la croix s’étend en pentecôte
invisible
toujours là la colombe
grenat du cœur de désir
de vive flamme insaisissable.
Je te salue Madeleine
Je t’appelle par ton nom
Je vous salue toutes les femmes
Je te salue Marie
mère devenue sœur
je te sale pleine de grâces
je te quitte
l’humanité ma compagne d’aventure
mon épouse mon amante mon élégance