REVE PASSIONNISTE
Texte non daté
Ton corps était descendu de la croix
C’était avant qu’on le parfume de myrrhe et d’aloès
C’était avant qu’on l’ensevelisse
Tu étais mort
C’était la nuit
Etendu sur le sol gisant comme sur la croix
Je m’agenouillais à tes pieds
Je fléchissais les genoux
En regardant tes plaies
Tes cinq plaies
Ta pintade de plaies
Le désir me prit
De caresser tes plaies
Du mouvement de mon front
Les traces des clous
Aux mains, aux pieds
Ouvertes avec largesse
Etaient des fentes
Béantes
Charnues
Sanguinolentes
La blessure du côté
Chemin vers les entrailles
Pintades de lèvres
Dont une immense
Je voyais en regardant ce qui là se figurait
Se dessiner des lignes signifiantes
Couvrir ton corps
Du mien
Etait trop grande audace
Je l me levais
Et buste incliné
Je me recueillais devant chaque blessure
Je tournais autour de ton corps
En train de se pétrifier
On comme on fait pour une statues
Tu n’étais plus même un homme debout
Les entailles des membres
Etaient trop étroits
Pour accueillir mon feront
Mes cheveux se collaient de ton sang
Je déposais un chaste et fervent baiser, la large fissure du côté
S’offrait comme une matrice
Une invitation à renaître de ta chair
J’y posais avec une ardeur respectueuse mon visage
Et pour m’y abîmer, ensevelir
Je commençais à diminuer
Je me réveillais
Pensant aux visions de Julienne de Norwitch
Et au culte de Jésus notre mère.